GATTONI Pierre (CH)

À PROPOS L’angoisse de la page blanche, l’inspiration, le style, le message sont des notions qui ne me touchent pas : en effet, je n’ai rien à dire ! Je n’ai pas la prétention de demander à quiconque de s’interroger devant une de mes œuvres, pas plus de leur présenter un miroir ou de m’adresser à eux. Je n’ai pas d’intentions, je ne suis ni militant ni soldat. Cheminer sans but ne signifie pas qu’il ne se passe rien. La liberté consiste à se laisser aller selon son inspiration. Cette inspiration, il n’y a pas besoin de la chercher, elle existe aussi naturellement qu’un pas engendre un autre pas dans une promenade. Une peinture c’est aussi simple qu’une promenade, une série de peintures c’est refaire la même promenade. Il n’y a pas de romantisme dans cette métaphore, on peut rester assis ou faire ses commissions. C’est l’état d’ouverture d’esprit qui donne la même importance à la chute d’une feuille morte, à l’égorgement d’une poule par un voisin, au flux de voitures sur l’autoroute, à l’espace et la tension d’un champ, à la qualité d’un salut ou d’un regard, à la crasse derrière mon frigo et cetera, qui rend tout intéressant. Tout est simple. Ces états, ces phénomènes, ces attitudes constituent ma nourriture. Je la cuisine, la transpose à l’aide de la couleur et de l’espace d’une toile. Comme dans une promenade je décide d’aller par ici ou par-là, où je veux en fait, mais en avant. Au cours de chaque série de peintures je me trouve dans un lieu ou une situation différente. Les « lignes horizontales » sont une succession rythmique dont on pourrait deviner la suite logique dans une lecture verticale. Un étagement de groupes de trois bandes, colorées par l’étagement de groupes de quatre couleurs crée le décalage rythmique, auquel s’ajoutent en contrepoint d’autres lignes de couleurs alternées. Un autre système divisera l’espace vertical en quatre parties de deux couleurs alternées, puis en cinq parties de demi-bandes de trois autres couleurs alternées puis en six parties de quarts de bandes de quatre autres couleurs alternées…, mais je sens que je perds le lecteur, il se perdra peut-être aussi dans la peinture… Les « dégradés » sont une simple présentation de couleurs. Dans cette série on trouve d’abord un passage entre deux couleurs de valeurs de contrastes similaires, ensuite de même valeur mais avec des couleurs d’une luminosité différente puis avec de la lumière c’est-à-dire de valeurs contrastées. Le format vertical à taille humaine à son importance pour le « tombé » du dégradé comme on parlerait du tombé d’un tissu. C’est une recherche de sensations, de densité, de respiration, d’élévation ou de descente. Les « diptyques dégradés » font plus appel au mental pour la relation qu’entretiennent les deux parties, leur plus petit format n’incite plus au passage du corps. La courbe dans la série « configuration » s’inspirerait du mouvement du corps, chaque geste partant d’un point fixe et décrivant une courbe. A l’instar de postures de danse le dégradé propose par ses accentuations l’intention du geste, les tensions de la posture. Ce que je décris à propos de ces dégradés n’est qu’un point de vue parmi d’autres, une façon de voir. Les « cercles concentriques » ainsi que les « lignes verticales » sont construites de manières empiriques avec une recherche de présence, de rayonnement, d’énergie dans laquelle il est permis de se perdre ou de se laisser surprendre. Le thème des « collections » est la mise en scène, le jeu de formes répétées dans des situations propres à leurs natures, installées dans des contextes divers. C’est une narration autour des collectionneurs de toutes choses et de tous horizons. Cette description un peu technique de ces quelques séries de peintures (il y en a bien d’autres), représente les pistes que j’emprunte. Je peux y revenir des années plus tard. Une forme de soumission consiste à présenter un produit reconnaissable défini comme style. Je pense pouvoir faire n’importe quoi ; mon style, c’est ce dont je suis incapable de me débarrasser. PIERRE Gattoni 2018

Quelques oeuvres

  • GATTONI Pierre Collection-2. 22-12. tempera sur toile 95x210-cm

  • GATTONI-P.-Collection 42-15. 55x55cm-Tempera-sur-toile-2015

  • GATTONI-P. Cible 7-20 Ø 125cm-Tempera-sur-toile-2015

  • GATTONI P. Cible 6-20. Tempera sur toile Ø-120cm

  • Stand n°1, Pierre GATTONI et Robert SCHAD

  • GATTONI P. Cible vert 51-18 Tempera sur toile Ø 116,5cm. 2018

  • GATTONI Pierre, peinture n°24 97 x 97 cm. 1990